La Conférence Constitutionelle qui se tint à Londres en septembre 1965 accorda l'indépendance à l'île Maurice. C'était l'aboutissement d'un long processus de désengagement des Britaniques dans les Mascareignes. Au terme de cette conférence, un acord était signé entre le secrétaire d'Etat aux Colonies, M. Anthony Greenwood, et le premier misnistre mauricien, Sir Seewoosagur Ramgoolam, reconnaissant la souveraineté du gouvernement de l'île. Mais deux ans avant, le Parti Travailliste, au pouvoir depuis 1948, avait plus difficilement remporté les élection législatives de 1963. Les deux partis d'opposition, l'Indépendant Forward Block (IFB) et le Parti Mauricien s'étant renforcés. La montée à la direction du Parti Mauricien d'un jeune avocat créole, Gaëtan Duval (né le 9 octobre 1930 à Rose-Hill), aux côtés de Jules Koenigs, fit gagner à ce parti la confiance d'une grande partie de la bourgeoisie créole. En 1967 le parti deviendra le Parti Mauricien Social-Démocrate (PMSD), basé sur un double projet : intégration (à l'Union Européenne) et émmigration. Alors que les responsables mauriciens, de l'entourage du docteur Ramgoolam ne remettent pas en cause la politique de restriction de l'immigration mis en place par la Grande-Bretagne (M. Veerasamy Ringadoo, ministre du travail ne cessa de répéter "l'émigration est un mythe ! Quelques uns seulement iront en Grande-Bretagne"), le premier ministre associe dans un gouvernement de coalition les indépendantiste de l'IFB et les conservateurs du PMSD. Son principal objet était de prévenir les troubles entre les communautés exarcerbées par les partis politiques, jusqu'à la tenue de la Conférence Constitutionelle. Pourtant, même ministre, Gaëtan Duval n'aura de cesse de prôner l'émigration, et de dresser les populations contre le gouvernement (auquel il appartient). Au soir même de la démission des ministres du premier gouvernement de coalition, la campagne électorale commençait. Elle sera l'une des plus virulente de l'histoire de Maurice. Les trois partis favorables à l'indépendance formèrent une alliance qui donna naissance au Parti de l'Indépendance. Le parti de G. Duval faisait flèche de tout bois, ne reculant devant aucun excès. Plusieurs de ses éléments ayant le besoin de recourir systématiquement à la violence. Finalement les élections législatives se déroulèrent le 7 août 1967. 92% des inscrits prirent part à ce scrutin. Le P.I. obtenait 56% des sufrages exprimés, contre 44% au PMSD qui réalisait le meilleur score de son histoire.
Le sentiment d'insécurité des Franco-mauriciens et des sang mélés ne cessa de croître. Une vague d'émigration fir partir certains d'entre-eux vers l'Afrique du Sud ou la Rhodésie, ou en Australie, pourvu que les candidats aient une vague ascendance européenne et que leur teinte de peau ne soit pas trop foncée. Les plus fortes années de l'émmigration vers l'Australie (qui avait commencé dès 1959 avec la débacle du Parti Mauricien) furent 1967, 68 et 69.
Après l'indépendance, dix-huit mois furent nécessaires à la formation du deuxième gouvernement de coalition entre le P.T. et le P.M.S.D., au cours desquels la population fut sans ménagement tenue à l'écart des négociations. Les tractations avec la France, et Michel Debray au Quay d'Orsay (ex député de La Réunion) et l'attitude des deux grands partis décontenança un très grand nombre de leurs partisans. Côté travailliste et côté duvaliste on avait le sentiment d'être trahis et trompé. Une cassure importante s'opérait entre la caste politique et le peuple mauricien. Dès cette période, post-coloniale, le parti au pouvoir à tenté de mettre en place, sous la pression du FMI, des Programmes d'Ajustement Structurels (PAS). Tout cela ferait le lit d'une nouvelle formation encore en gestation : le Mouvement Militant Mauricien (M.M.M.), qui fit sa première apparition en public à l'occasion de la venue de la princesse Alexandra le 16 septembre 1969. Ce parti avancera la nécessité de remplacer les luttes raciales par la lutte des classes. Véritable danger pour l'oligarchie sucrière et la classe politique constituée autour du P.T., le M.M.M., après les élections législatives partielles de 1970 et municipales de 1971, où ses candidats remportèrent de brillantes victoires, est durement réprimé en 1971-72. Ses leaders qui souhaitent rejoindre les combats du Tiers Monde et refusant le communalisme, sont jetés en prison. En 1976, le M.M.M. voit sa majorité réduite par "l'achat de députés transfuges". Vers 1979, un mouvement de grève des travailleurs de l'industrie sucrière trouve rapidement un relais dans le monde politique : il en naîtra Lalit de Klas, mouvement trostkiste au sein du M.M.M. En 1982, pour la première fois dans l'histoire mondiale des démocraties, le peuple élit une assemblée législative sans opposition, puisque les 60 sièges du Parlement reviennent à l'alliance des parties de l'oppositions de l'époque : le M.M.M.-P.S.M. (dissidents hindous du Parti Travailliste) sous la direction de Anerood Jugnauth et Paul Bérenger. Un grand espoir naît dans la jeunesse mauricienne qui aspire à faire "enn sel lepep enn sel nasyon". Cependant le M.M.M. changea de cap, et se lança dans une politique de nouveau consensus social, qui consistait à une plus grande collaboration avec le capital. Lalit de Klass quitta le M.M.M. et devint Lalit. La résistance populaire et les luttes internes aboutirent à l'éclatement du gouvernement au bout de quelques mois, à cause, entre autres, de luttes d'intérêts entre H. Bhoodoo, leader populiste de PSM et P. Béranger. En fait, la victoire de 1982 n'a guère changé l'orientation du régime. Elle a surtout permi à une nouvelle génération d'hommes politiques d'arriver au pouvoir. En février 1999, les jeunes se révoltèrent et envahirent les rues. Les émeutes avaient été provoquées par la mort, entre les mains de la police, d'un chanteur mauricien célèbre, Kaya. Le système communaliste est plus que jamais de mise. Il est sensible dans le recrutement des responsables dans l'appareil d'Etat et renforce le clientélisme, à tous les niveaux dans le secteur privé. Le M.M.M. qui autrefois ralliait la jeunesse au nom de la lutte contre cette plaie, joue à son tour le jeu des combinaisons ethno-politiques.
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